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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 18:40

 

« Le dieu du jour avait accompli à travers les douze signes sa course d’une année ; que pourrait faire Philomèle ? Des gardes s’opposent à sa fuite ; autour d’elles se dressent les épaisses murailles de la bergerie, construite avec des pierres massives ; sa bouche muette  ne peut révéler le forfait. » Ovide Les Métamorphoses Livre VI Procné et Philomèle Traduction de Georges Lafaye

 

Je continue ce travail sur Philomèle ; comment rendre compte de cette « solitude ignoble », de cette déshumanisation infligée de surcroît ? Cette jeune athénienne violée, mutilée, abandonnée à sa solitude m’a tirée vers les exclus : sans papiers, sans domicile fixe, les « sans ». Ceux , qui abandonnés,  ne peuvent témoigner. C’est pourquoi, la cabane est de rebut. Des cartons glanés sur les trottoirs ; passer dans l’interstice laissé entre le dépôt des commerçants et l’enlèvement des éboueurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Maisons Témoins

« Romain et Laurent fabriquent des dizaines d’autres maisons en carton et les disséminent dans la ville, à proximité des bouches de métro…L’opération, comme souvent est baptisée- pour être solennelle, repérable et historique : « Welcome Homeless »…Des maisons pur rien, des machins bricolés, qui apparaissent disparaissent, qui isolent à peine, protègent que dalle ferment pas à clé, ne résolvent rien, sont déjà ça, déragent le bel ordre citadin qui ne tient jamais très longtemps ; dans les villes l’ordre heureusement ne tient jamais très longtemps.

Ces cabanes en carton larguées dans Paris sont des niches humaines ; certaines à toit plat, d’autres-comme des chalets miniatures-à toit double pente. Romain et Laurent leur donnent l’allure de maison standardisées, mais à zéro euro : une palette forme un planché surélevé, à 10 centimètres du sol, minimum pour isoler la cabane de l’humidité, du froid, de la saleté. Des tubes de cartons, récupérés chaque soir par Romain et Laurent dans les poubelles du Sentier avant que les éboueurs passent, font quatre murs et un toit. C’est autour de ces tubes de carton, qui encombrent les conteneurs par dizaine à partir de 18 heures, que sont enroulés les tissus. Carton, ressource urbaine inépuisable comme le bois. Haut pouvoir isolant. Quelques tubes de PVC aussi. Romain et Laurent…assemblent les cabanes sur place, la nuit, éléments reliés entre eux par du gros scotch de déménagement, les abandonnent et reviennent au petit matin, en espérant qu’elles soient habitées. La plupart des cabanes sont investies, comme une évidence, dans l’heure qui suivit leur installation, par des SDF- premier arrivé, premier servi. Sont venus avec leur duvet un réchaud, deus trois affaires, provisions aménagement sommaire…Beaucoup y habitent encore-six mois après-, y ont pris leurs habitudes, dormir, se cacher, entreposer quelques boîtes de conserve et un pull chaud »

Joy Sorman Gros Œuvre

 

 

 


 

 

Cabanes Calais

« Habiter c’est juste se couvrir la tête, s’isoler d’un sol boueux et froid, quelques centimètres au-dessus de la terre humide et un carré de plastique pour se protéger, se désolidariser du ciel. Ne pas se retrouver surpris et trempé par la pluie, transi sans doute, mais au moins sec… »

« Ils vivent dans les bois, ils vivent dans les cabanes en espérant. C’est là que logent les exilés, des journées entières dans les arbres, dans les ronces, dans la merde et les ordures. À attendre de passer de l’autre côté, du bon côté- si seulement. »

« Dans ces bois en bordure de zone industrielle, coincés ente des parkings, des dunes mitées, un site de stockage de déchets, ils vivent en clandestins et en transit, refoulés, se fondent dans la tristesse d’une nature rongée par la pollution…Des bois crasseux en bord de ZI où se terrer en attendant. »

« Habiter, le plus petit dénominateur commun, la limite le presque rien. Ce sont à peine des cabanes- petits abris sommaires-, plutôt des amas de matériaux de récupération empilés de manière à configurer un cube, une forme approchante, à l’intérieur duquel pouvoir se glisser, tant bien que mal. »

Joy Sorman Gros Œuvre

 

Et puis voilà, Eric Besson annonce le démantèlement  de la « Jungle » de Calais…

 

 

 

 

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