4 mars 2010
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19:01
CLÉMENT ROSSET LE PRINCIPE DE CRUAUTÉ
"Par «cruauté» du réel, j’entends d’abord, il va sans dire, la nature intrinsèquement douloureuse et tragique de la réalité. (...) qu’il me suffise de rappeler ici le caractère insignifiant et éphémère de toute chose au monde. Mais j’entends aussi par cruauté du réel le caractère unique, et par conséquent irrémédiable et sans appel, de cette réalité - caractère qui interdit à la fois de tenir celle-ci à distance et d’en atténuer la rigueur par la prise en considération de quelque instance que ce soit qui serait extérieure à elle. Cruor, d’où dérive crudelis (cruel) ainsi que crudis (cru, non digéré, indigeste), désigne la chair écorchée et sanglante : soit la chose elle même dénuée de ses atours ou accompagnements ordinaires, en l'occurrence la peau, et réduite ainsi à son unique réalité, aussi saignante qu’indigeste. Ainsi la réalité est-elle cruelle - et indigeste - dès lors qu’on la dépouille de tout ce qui n’est pas elle pour ne la considérer qu’en elle-même..."
Associer les chairs, pour encore travailler sur cette vanité du corps: un corps représenté seulement sous sa forme de viande, aucune transcendance, travailler sur «l’éphémérité et l’évanescence de toute chair»(Corinne Maier).
Deux viandes, l’une simplement un peu plus chaude que l’autre.
C’est pourquoi le visage est couvert, toute trace d’identification, de personnalité dissoute, niée; une fois, la face cachée, l’humain n’est plus que chair ou viande même.
À la plaie du lapin écorché et éviscéré répond le corps entier dans sa forme et sa position mêmes: plaie, béance, vulve.
Le corps, la plaie se trouve sur un espace indéterminé pour accentuer cette faille dans la blancheur de la toile. Une vibration autour du corps focalise le regard sur la dépouille du lapin-vulve, sur cette obscènité-là: une tautologie.
CRUE
Huile sur toile 180x80cm
2010
Huile sur toile 180x80cm
2010
Associer les chairs, pour encore travailler sur cette vanité du corps: un corps représenté seulement sous sa forme de viande, aucune transcendance, travailler sur «l’éphémérité et l’évanescence de toute chair»(Corinne Maier).
Deux viandes, l’une simplement un peu plus chaude que l’autre.
C’est pourquoi le visage est couvert, toute trace d’identification, de personnalité dissoute, niée; une fois, la face cachée, l’humain n’est plus que chair ou viande même.
À la plaie du lapin écorché et éviscéré répond le corps entier dans sa forme et sa position mêmes: plaie, béance, vulve.
Le corps, la plaie se trouve sur un espace indéterminé pour accentuer cette faille dans la blancheur de la toile. Une vibration autour du corps focalise le regard sur la dépouille du lapin-vulve, sur cette obscènité-là: une tautologie.
Détail
Détail
Détail
«On écrit depuis une vie, depuis un corps.» (Marie Darrieussecq) je peins aussi depuis cet espace-là, mais ne suis que le matériau de base un exemple de chair à représenter ne tendant qu’au général, au générique.