« La tête, le visage, c'est ainsi dans un être ce que d'abord on voit, ce qui transparaît de chacun sur sa face, ce qui l'identifie et le fait reconnaître dès lors qu'il est présent au regard d'autrui. » Jean-Pierre Vernant L'individu, la mort, l'amour
« Le visage se refuse à la possession, à mes pouvoirs. Dans son épiphanie, dans l'expression, le sensible encore saisissable se mue en résistance totale à la prise. » Emmanuel Lévinas Totalité et infini
Cette peinture qui ne fait que montrer, pointer, se nourrit ici du « frottement », de l'approche de Lévinas en relation avec Vernant.
KÁRA 1
Huile sur toile 54x65cm 2009
KÁRA 2
Huile sur toile 54x65cm 2009
KÁRA 3
Huile sur toile 54x65cm 2009
Après le corps dans la filiation [LIÉ], je retrouve le corps inscrit, marqué par l'Histoire, porteur d'Histoire. Ce travail reprend les notions grecques de kára , « la tête avec valeur métonymique...une façon de dire l'homme lui-même, comme individu. » énoncées par Vernant et déjà approchées dans Trophées qui travaillait l'altération par le grotesque, ici le visage est nié par la disparition..
Montrer à travers la trivialité voire l'obscénité du sac poubelle, ces sacs-là associés à Abou Ghraib, montrer donc « l'outrage qui s'attaque à l'intégrité du corps humain »(Vernant) en s'attaquant en premier lieu au visage car porteur de cette « valeur métonymique » de l'humain, de l'individu.
« Tuer n'est pas dominer mais anéantir, renoncer absolument à la compréhension. Le meurtre exerce un pouvoir sur ce qui échappe au pouvoir...L'altérité qui s'exprime dans le visage fournit l'unique matière à la négation totale » Emmanuel Lévinas Totalité et infini
« Dans la mort, les humains sont appelés des « têtes », mais encapuchonnées de nuit, enveloppées de ténèbres, sans visage. » Jean-Pierre Vernant L'individu, la mort, l'amour