Ici, je continue mon travail sur la transition de genre de l’un des mes enfants et comment son corps s'est transformé.
D’une façon plus ludique, à travers des cartes à jouer, je joue moi-même à transformer les personnages
Prendre, un peu, le Valet comme modèle, ce personnage de l’entre-deux, de la fluidité et travailler cette fluidité par ajout, couture, jeu sur les déterminants de genre.
Je ne suis, là, qu’une mère qui observe la transition de genre d’un de ses enfants.
Je ne fais que réagir avec mes moyens.
Ces travaux-ci veulent rendre compte d’un corps en cours de transformation, d’une transformation voulue.
Nous rencontrons notre environnement à partir de notre corps. Cette pelure habitée est notre interface.
Et cet interface de naissance ne correspondait pas à un de mes enfants qui a donc décidé d’en changer.
La nécessité d’exprimer plastiquement cette transformation que simplement je contemple et accompagne.
Techniques mixtes mêlant graphite et fil rouge.
Le dessin, la couture comme les sutures après la mastectomie.
De petites peintures à la gouache
ORLANDO, ceroman de Virginia Woolf qui débute au XVI° siècle et dans lequel le personnage éponyme change de genre au cours des siècles est une référence pour la transidentité et la fraise, (ce col de lingerie formé de plis) est presque devenu l’objet de mode de ralliement de la transition de genre, de la fluidité.
Tout un tas de clins d’oeil
Ces petits formats dans leur préciosité sont comme un écrin de protection.
Une vulnérabilité humaine, faible et inconséquente qui ne sait que se renfermer dans une déploration vaine, une figure humaine immergée dans le végétal : un végétal comme un abri.
Face au réalisme de la représentation du corps, je lâche ma peinture pour le végétal, pour une simple suggestion du feuillage. Je travaille des glacis dans une totale liberté de représentation, un lâcher-prise du geste.
J'aime travaillé ces contrastes autant dans l'intention que dans le geste de peindre.
Des corps enchâssés dans un treillage de végétal :un enchevêtrement inextricable.
Des corps uniquement capables de se recroqueviller, de s’enfermer paupières closes, agrippés par de multiples mains qui émergent on ne sait d’où.
La fébrilité du feuillage fait opposition à ces deux corps qui semblent figer dans une attente vaine et inconséquente.
Je me suis extirpée de la représentation réaliste du végétal ce qui me permet une grande liberté.
Le travail du feuillage est uniquement axé sur le désir de représenter des plans successifs et imbriqués afin de suggérer une profondeur.
Je peins, recouvre, dilue les formes et enfin indique quelques branchages plus réalistes : toute une superposition parfois à peine visible pour travailler la richesse des plans.
Papier Peint 3, un dispositif de hors-champ pour un futur accrochage.
Un feuillage qui débordera les futures pièces peintes pour en créer un débordement, une profondeur.
Une peinture palimpseste de couches superposées afin de faire émerger, de faire disparaître tout à la fois. Je joue sur les traces de l'effacement pour travailler la profondeur de cet espace végétal.
J'utilise de légers glacis superposés, malmenés au chiffon, au doigts. Ce beau papier Arches me répond, me soutient même dans une certaine violence. Je travaille en dialogue avec le papier pour créer cette atmosphère nébuleuse.