Hybrides comme une réappropriation de la peinture de genre telle que les Trois Grâces ou le jugement de Paris dans une forme grotesque et dérisoire : utiliser un topos de la « féminité » et en changer le message.
Là, aucune beauté offerte mais des corps hybrides formés d’un buste normé, lisse de plastique moulé en opposition à des jambes réelles avec leurs cellulite, veines apparentes, cicatrices….
Formellement une perfection froide face à des jambes sur lesquelles le temps s’est déposé : un vécu rendu par une palette diverse face à des matières sans vie et froides et parfaites qui ne sont que couleur unie.
La toile joue à diriger le regard, à le faire ricocher de lumière en lumière et à emmener le regardeur, à l'inciter à s’approcher afin d’observer la gamme colorée qui joue avec l’abstraction.
Le tableau n’est pas seulement une image mais se doit d’être une richesse chromatique et un travail de glacis.
Outre l’image, la peinture et sa richesse se révèlent dans les détails.
Un dialogue muet et aveugle, une confrontation de deux bustes, l’un de plastique moulé, l’autre moulé de temps.
Un corps devenu paysage, fait de vallées et de monts, construit par le vécu, le temps, tandis que l’autre n’est là que pour souligner ce vivant imparfait mais vivant.
Le buste de mannequin n’est qu’un faire valoir dérisoire et ironique qui pointe les défauts, les marques du corps devenu palimpseste d’une vie, sur lequel chaque détail peut être corrélé à un épisode.
Ce corps-ci est émotion, en mutation constante, une chair à représenter.
Les objets soulignent l’écriture de la peau.
Et la peinture, au-delà de l’image, est une surface à scruter faite de lavis déposés, une épaisseur detemps.
Une nouvelle forme est expérimentée : le paravent. Un jeu fragmenté de formes pour agrémenter un espace, une entrée dans le quotidien de l'atelier avec ce corps, toujours et ces objets qui en forment l'univers.
Le velouté de l'encre de chine appliqué avec force et légèreté parfois jusqu'à maltraiter le papier qui résiste vaillamment.
Un noir chaud qui rappelle la photo du XIX° siècle. Sur le papier les noirs montent progressivement comme dans le développement de la photo argentique.
Et puis ce sourire qui s'affirme, qui affirme sa fragilité, son âge....